a, A Novel de Derek Beaulieu est une traduction du roman éponyme d’Andy Warhol qui joue entièrement sur l’effacement. Sur chaque page de l’œuvre originale, Derek Beaulieu efface scrupuleusement le texte, ne laissant que les marques de ponctuation, les didascalies et les onomatopées. a, A Novel offre ainsi un ballet mécanique, une orchestration visuelle du langage pris dans le trafic et les bruits de la ville. Ce roman-partition, sans narration parasite, met en scène la musicalité de nos conversations avec une puissance visuelle inédite.
Chef d’œuvre romanesque controversé d’Andy Warhol, a, A Novel a été publié en décembre 1968. Retranscription d’une journée de 24h de l’acteur Ondine, superstar du cinéma et grand consommateur d’amphétamines, le livre original contient les conversations récoltées à l’aide d’un enregistreur à cassette accroché à son cou qui ont été ensuite transcrites par des étudiantes. Pleines d’approximations typographiques, de passages censurés et de brouhaha, ces pages de transcription non-éditées favorisent la transcription à l’intrigue, le hasard à la composition, et l’idée d’un roman plutôt que sa réalisation.
Derek Beaulieu propose dans ce nouveau livre un déplacement radical du travail de Andy Warhol. Il efface les conversations qui ont fait l’avant garde new-yorkaise pour n’en garder que la musicalité de ces échanges. Et il illustre spectaculairement l’idée de Theodor W. Adorno dans son essai Signe de ponctuation, qui considère que cette dernière représente les feux de signalisation du langage et de la littérature : « il n’y pas d’autre élément qui rassemble le langage et la musique autant que les signes de ponctuation ».
Cette poésie visuelle est éclairée par un essai de Gilda Williams Comme il est dur de rompre. Des hommes des femmes et de la ponctuation dans le roman a d’Andy Warhol. Grâce à sa connaissance approfondie du travail de Warhol et de l’histoire de l’art contemporain, Gilda Williams nous plonge dans la conception du roman initial tout en faisant remonter à la surface l’urgence et la justesse du travail de Derek Beaulieu, qui place l’écriture non créative au centre des nouveaux enjeux de la littérature et des travailleurs du monde de l’art.